Dans la Divine Comédie, son plus célèbre poème, Dante Alighieri entraîne le lecteur dans un voyage imaginaire de l'enfer au paradis. En poussant les portes de la première table de la talentueuse Rebecca Beaufour, c'est un aller direct pour le paradis culinaire que l'on s'offre ! La jeune cheffe, 27 ans à peine, a ouvert à l'été 2022 une adresse débordant de vie qu'elle a baptisé du nom de son auteur fétiche. Dante, donc. Un clin d'œil mutin que l'on apprécie encore mieux lorsque l'on découvre l'adresse : 14 rue de Paradis ! Une adresse du 10ème arrondissement parisien connue des gourmets depuis des lustres mais qu’il est urgent de visiter à nouveau pour se régaler de la cuisine de partage de cette jeune femme passée par de belles brigades, d'Alain Passard à celle de la présidence du Sénat où elle apprend rigueur et technique auprès de trois Meilleurs ouvriers de France et d'un Bocuse d'or !

Rebecca Beaufour apporte donc un souffle d'air frais à ce restaurant en duplex situé dans un quartier ultra vivant, fréquenté par la jeunesse parisienne que l'on retrouve largement attablée chez Dante. Lumières chaudes, tables en bois qui redessinent l'architecture de la salle à chaque service suivant l'affluence, vaisselle d'une céramiste glanée sur Instagram, couteaux et fourchettes dépareillés... Tous les artifices d'une « jeune table » dans l'air du temps se retrouvent chez Dante. Mention spéciale pour les cuisines qui sont largement ouvertes sur la salle et que l'on découvre depuis un mur habillement découpé. Là aussi, on trouve chez Dante l'exigence d'aujourd'hui, à savoir gommer autant que possible la distance entre les fourneaux et les tables desquelles les clients aiment zieuter ce que l'on leur prépare...

Pour ce qui est de la carte, Rebecca Beaufour est, là aussi, dans le tempo avec une cuisine de partage qui abolit le traditionnel tango des entrées et des plats. On commande donc à la volée des petites portions qui arrivent quand elles arrivent et que l'on partage avec les convives. Une carte vraiment réjouissante et gourmande. Nous avons adoré les fines tranches de sériole (poisson blanc se rapprochant du thon) recouverte d'une vinaigrette aux agrumes sur lesquelles trônent des langues d'oursin. Tout comme les bao au porc confit qui arrivent joufflus et dodus enfermant une viande confite. Un régal dantesque ! Les ravioles de champignon recouvertes d'une émulsion de cresson étaient délicieuses et le Pithiviers aux pommes de terre, brie et truffe prouve que cette jeune cheffe s'y retrouve aussi au moment de taquiner la cuisine française de terroir. Les ris de veau et courge baignant dans un caramel pomme-piment allaient très bien avec les brocolettis au tahini citronné... Des assiettes qui vont de 13 à 29 euros et que l'on peut compléter de plats à partager pour ceux qui ne veulent pas s'arrêter là (et on les encourage vraiment à ne pas s’arrêter là !). 

Parmi ces plats de partage, on trouve un homard bleu (80 euros) car Rebecca Beaufour aime le homard. Une pêche du jour est aussi proposée et, le soir de notre passage, un pigeon farci au foie gras (62 euros) était présent sur le menu. Là encore, la cheffe prouve qu'elle peut mixer plats tendance de la world food comme un leche de tigre de bar et un classique des classiques de la gastronomie tricolore avec ce pigeon que l'on ne trouve pas si souvent dans les tables « tendance ». C'est bien vu car pourquoi se priver du meilleur des deux mondes ? L'enfer et le paradis étant bien inséparables… 

Enfin, côté desserts, la carte est ultra courte, Rebecca Beaufour revendique de ne pas être une pâtissière mais s’engage à proposer de la gourmandise à ses clients comme avec ce moritozzo, soit une brioche imbibée d'un sirop citron-vanille et fourrée jusqu'à la démesure par une crème Chantilly aérienne. Une recette rapportée d’Italie, le pays du père de la langue italienne qu'était Dante. Un hasard ? Sans doute pas. Dieu que c'est bon de se perdre dans la divine cuisine de cette jeune femme à suivre de près... 

 

Dante
14 rue de Paradis
75010 Paris 
www.danterestaurant.info