Dans le 2ème arrondissement pullulent les restaurants, bistros et gargotes japonaises, l'ouverture, début 2023, de Mer & Coquillage raisonne comme la corne de brume qui attire les affamés d'autres choses que gyoza et ramen ! Quelle bonne nouvelle qu'une table « marine » décide de s'ancrer dans cette rue des Petits-Champs qui n'en attendait pas tant. Exit l'ancien institut de beauté que l'on trouvait au numéro 36. Après de beaux et vastes travaux, l'adresse accueille donc ce resto où le poisson est roi. Il n'est pas si fréquent d’assister à la naissance, ex nihilo, d'un restaurant, la norme étant souvent qu'une adresse prenne racine dans les murs d'une autre, vieillissante. Ici, c'est le vent frais du large qui souffle avec la création « pure » d'une nouvelle table à deux pas de La Belle Époque, une brasserie tout ce qu'il y a de recommandable qui appartient au même patron, Franck Maillot, qui se fait donc plaisir ici avec une carte 100% marine.

 

Avant de s'attabler, on embarque avec délice dans cette belle salle qui vous donne le sentiment de partir pour une croisière dans les transatlantiques du siècle dernier. Murs blancs rehaussés de décors en stuc, boiseries chaudes, lumières tamisées éclairant les banquettes en cuir blond... On se sent d'emblée bien accueilli dans ce décor bourgeois mais pas trop, moderne tout en étant référant à un passé glorieux. Les nappes aussi blanches que la porcelaine du service encadré par des couverts en argenterie apportent ce petit chic qui devrait toujours signer une « table française ». Le soir, chaque table est aussi ornée d'une chandelle fièrement dressée dans son chandelier en argent. Un petit rien qui dit beaucoup de l'attention que l'on a souhaité ici apporter à une salle qui se prête parfaitement aux dîners en amoureux et autres rencontres entre amis qui veulent se parler. Pas de musique forte en bande son, juste quelques douces chansons cool qui vous trottent gentiment dans la tête. Bref, côté atmosphère, atmosphère, le soir chez Mer & Coquillage, c'est un vrai sans faute de charme et de bon goût.

 

Passons maintenant à table. Et puisque nous sommes au cœur de Paris, pas de danger qu'elle tangue au rythme de la houle, la table. On peut donc y déposer toutes sortes de merveilles sorties des flots, comme ces palourdes gratinées au beurre de thym citronné grassouillettes comme on aime, à s'en lécher les doigts. La raviole de homard et gambas dans un jus de langoustine nappe les papilles délicatement. Des langoustines que l'on découvre aussi juste décortiquées, sans jamais avoir été passées au court-bouillon et simplement recouvertes d'une huile de basilic dans l'une des entrées de la section « les crus » de la carte. Étonnant de déguster l'une des plus délicates créations de Poséidon toute crue. Mais elles fondent sous la langue et c'est délicieux. Tout autant que le carpaccio de bar de ligne qui recouvre tout un plat de ses fines tranches marinées. Avec un bon pain « de campagne », tout cela glisse merveilleusement. Les amateurs de fruits de mer peuvent aussi commander un plateau mais il est plus sensé de goûter la cuisine du chef, Mathieu Poirier, que de s'offrir un simple plateau de coquillages car le garçon s'y connaît dans l'art d’accommoder les délices de la marée, lui qui est passé par la référence Le Divellec.

 

On s'en convainc en regardant la carte des plats « chauds » qui alignent rouget, saint-jacques, homard, bar et aile de raie selon les arrivages. Le saint-pierre testé ce soir-là était juché sur une tombée d'épinard et coquillages au poivre rouge de Kampot délicieuse. Les filets de sole étaient entourés d'une croûte de pistache un peu superflu pour ceux qui veulent déguster la saveur délicate de ce poisson. Mais le céleri rôti et l'émulsion de parmesan qui nappait l’ensemble apportent le gourmand que l'on attendait. Chose importante et souvent trop rare, la carte très courte des desserts se montre à la hauteur de cette cuisine marine très réussie. Une classique tarte au chocolat et glace au pop-corn qui s'avère être bien meilleure que le qualificatif « classique » ne le laissait entrevoir. Vraiment une belle surprise. Au même titre que cette orange braisée, crumble amande et glace vanille. 

 

Arrivé au port, on doit délier sa bourse pour ce beau voyage. Comme on l'attendait d'une table magnifiant les trésors marins aussi loin des côtes, le voyage est un peu onéreux. Comptez entre 20 et 40 euros pour les entrées. Entre 40 et 70 euros pour les plats. Et une quinzaine d'euros pour les desserts. Le prix d'un voyage en haute mer au milieu des champs de la rue éponyme qui n'est pas une arnaque de vieux loup de mer mais un petit plaisir de plaisancier à s'offrir lorsque l'envie d'iode se fait pressante... 




Mer & Coquillage 
36 rue des Petits Champs
75002 Paris 
01.42.33.00.22